La conduite d’Abée provisoire
Car si une conduite d’adduction d’eau a été placée en urgence à Abée afin d’assurer une solution de secours, celle-ci n’est que provisoire. "Nous ne pouvons pas éternellement rester branchés sur l’eau de la CILE, pour deux raisons, poursuit le directeur. D’une part économiquement, nous devons limiter une répercussion à la hausse sur le prix de l’eau pour la population. Et d’autre part, cette solution de secours ne permettra pas de faire face à la demande lorsque le printemps arrivera. La conduite d’Abée restera en place mais ne servira que d’apport en cas de besoin."
Afin d’assurer une sécurité d’alimentation en eau, en quantité suffisante, dans le respect de la future norme qui devrait être mise en application dans deux ans (100 nanogrammes par litre), l’IDEN doit placer en urgence ce système. "On a trouvé un prestataire pour nous fournir un filtre au charbon actif qui sera placé à la station de Villers-le-Temple, alimentée par le captage de Marnave. Tout se met en place et ce sera opérationnel le plus rapidement possible."
Comment ça marche, concrètement ? L’eau du captage sera d’abord filtrée dans un silo qui sera placé à côté de la station de Villers-le-Temple. Dans ce silo se trouve du charbon actif qui présente un fort pouvoir adsorbant: il retient à sa surface certaines molécules (dont les PFAS) qui entrent en contact avec lui. "Le charbon actif permet de piéger les PFAS", résume le directeur.
Ce système a été déjà placé à Chièvres, zone également touchée par la crise PFAS, et dans d’autres intercommunales. On l’utilise aussi pour filtrer d’autres particules: pesticides, goût et odeur de l’eau. L’efficacité du traitement est surveillée et évaluée au cours du temps. Dès que la capacité d’absorption du charbon commence à décroître, il est régénéré.
L’analyse des puits en cours
Quant aux analyses de sol, qui visent à déterminer l’origine de la pollution, elles sont en cours depuis le 20 décembre et sont réalisées par l’ISSEP (Institut scientifique de service public). "Ils ont d’abord étudié nos zones de protection de captage pour localiser les différents puits autour de la nappe. Puis, ils ont mené des recherches auprès du service des mines pour voir s’il existait d’anciennes carrières éventuellement rebouchées. Ils étudient la géologie, la géographie au regard de toutes ces informations afin de cibler les endroits potentiellement pollués. Là, ils ont déjà réalisé des tests et prélèvements sur des eaux de surface et sont occupés à faire de même sur des puits. Ils avancent…"
Du côté des analyses sanguines proposées à la population, par contre, rien ne bouge à ce stade… Le bourgmestre, Michel Lemmens, l’assure: la Commune n’a été informée de rien…
À noter aussi que l’IDEN a reçu quelques courriers de citoyens annonçant qu’ils ne payeront pas leur facture d’eau, au regard de la crise. "On leur a gentiment répondu qu’il n’existait encore aucune norme PFAS et qu’actuellement, l’eau est conforme aux prescrits légaux. Et puis, sur les 140 m3 d’eau consommés en moyenne chaque année par un ménage, combien sont bues et combien sont consacrées au reste ?", remet en perspective Michel Lemmens.
Pour rappel, c’est lors d’un prélèvement effectué chez un privé à Nandrin, qu’une suspicion de pollution avait été détectée, le 8 décembre. L’échantillon indiquait une valeur de 141 ng/l pour une future norme maximale autorisée de 100 ng/l. L’IDEN avait été amenée à rendre impropre à la consommation l’eau de six villages (Saint-Séverin, Yernée-Fraineux, Villers-le-Temple, Outrelouxhe, Abée et Scry) qui avaient été privés d’eau potable pendant plusieurs jours. Les analyses complémentaires avaient confirmé la pollution aux PFAS.
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